CR du CVE : Diner-débat au Sénat sur la Suède

DINER-DEBAT
"La situation stratégique de la Suède dans le contexte de l’actualité européenne"

30 mai 2022

En mai 2018, un groupe d'auditeurs de la Commission des voyages d’études de l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale effectuait en Suède, une visite sur le sujet de "La politique de sécurité" d’un pays réputé pour sa neutralité. Ce voyage a fait l’objet au retour d’un rapport et de plusieurs articles.

La CVE a également pour engagement d’assurer le suivi de nos déplacements. La Présidence Européenne, assurée par la Suède au premier semestre de 2023, mais aussi les événements qui se déroulent en Europe depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie nous ont incités à solliciter M. Andréas Tuvesson pour nous apporter son point de vue éclairé sur la situation actuelle ; il a ensuite répondu avec une grande disponibilité à toutes nos questions.

Après une brève carrière bancaire, les postes successifs d’Andreas Tuvesson, aujourd’hui Ministre conseiller, en poste à Paris, après de hautes responsabilités dans les missions suédoises tant à l’OCDE, qu’à l’OTAN, à Moscou, en Géorgie, ou au Ministère de la Défense, témoignent d’un riche parcours dont la question de la Défense européenne n’est jamais absente.

En 2018 la Suède participait déjà à des exercices conjoints avec des Etats membres de l’OTAN. Elle aspire officiellement depuis le 18 mai 2022 à intégrer complètement l’OTAN, comme vient de le faire la Finlande le 4 avril dernier. La Suède est « partenaire invitée » depuis le 5 juillet 2022 en attendant les ratifications du protocole d’accession par tous les Etats membres.

L’agression Russe, " puissance impériale non réformée", d’une ampleur sans égale depuis la Seconde Guerre mondiale, a créé un choc, une prise de conscience profonde et durable, au gouvernement et dans la population de la Suède. Il apparait désormais évident que seule une Europe forte peut faire face à la situation internationale actuelle et que le pilier transatlantique est central pour la sécurité européenne dans un monde où le système libéral démocratique est confronté à des régimes autoritaires.

La nécessité d’une Unité Atlantique, face à un Poutine "susceptible d’être encore au pouvoir pendant bien des années", a conduit la Suède à des décisions majeures, inimaginables encore récemment : - livraison d’armes à un pays en guerre (pour la première fois depuis 1939); - décision d’augmenter sensiblement le budget de Défense (2% du PIB avant 2026), - candidature à L’OTAN.

Créer des partenariats avec de pays amis, accroitre les interopérabilités, mettre en place des coopérations renforcées, des aides humanitaires, une assistance aux reconstructions, petit à petit la Suède a abandonné sa neutralité1. Ainsi, si 37% des Suédois seulement se déclaraient en janvier 2022 favorables à l’adhésion de leur pays à l’OTAN, aujourd’hui 65 à 70% soutiennent la politique de Défense de leur gouvernement.

Mais la Suède est pragmatique. Elle entend bien elle aussi bénéficier de l’article 5, et ainsi sortir de la zone grise de tous les dangers. En étant un contributeur net, elle met en avant la profondeur stratégique du pays au bénéfice de l’espace Baltique.

Pragmatique, Andreas Tuvesson ne se montre pas inquiet quant aux réticences de la Turquie, "Il s’agit de la crédibilité de l’’OTAN tout entier"…Fier de son pays, il ne nie pas les difficultés, met l’accent sur des ambitions très élevées notamment en matière d’écologie… Enfin, en retour à l’hommage rendu au rôle historique de l’un de ses prédécesseurs Raoul Nordling lors de la libération de Paris, toujours dans son français impeccable, Andreas Tuvesson conclut ses propos en remerciant la France pour le soutien qu’elle lui apporte dans son processus d’adhésion.

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(1) Il nous est cependant rappelé que la Suède a de fait abandonné sa « neutralité » lorsqu’elle a adhéré à l’Union européenne, maintenant cependant alors un « non-alignement » militaire